11 H 30 - 12 H 00 / Salle 1
TROUBLES A SYMPTOMATOLOGIE SOMATIQUE ET APPARENTES
Pr Bernard BONIN - Chef de Service de Psychiatrie - C.H.U Dijon
Cette nouvelle classification du DSM 5 regroupe les troubles dont la caractéristique commune est la prééminence de symptômes somatiques associés à une détresse ou une altération significative de la vie quotidienne. Les personnes présentant ces troubles consultent le plus souvent le médecin généraliste en première intention.
Les diagnostics regroupés sont :
- trouble à symptomatologie somatique : les symptômes, spécifiques (ex : douleur localisée) ou non (ex : fatigue), s'accompagnent de pensées, de sentiments ou de comportements excessifs en lien avec des préoccupations sur la santé. Ces symptômes peuvent ou non être associés à une autre affection médicale.
- crainte excessive d'avoir une maladie : préoccupation concernant le fait d'avoir ou de développer une maladie grave. Si un autre problème médical est présent, la préoccupation est clairement excessive ou disproportionnée.
- trouble de conversion : un ou plusieurs symptômes d'altération de la motricité volontaire ou des fonctions sensorielles, non expliqués par un autre trouble médical ou mental
- facteurs psychologiques influençant d'autres affections médicales : présence d'une affection médicale et de facteurs psychologiques ou comportementaux qui influencent négativement l'affection médicale (facteur de risque, évolution, traitement....)
- trouble factice (auto-induit ou imposé à autrui) : falsification de signes ou de symptômes physiques ou psychologiques, ou induction de blessures ou de maladies, associée à une tromperie identifiée (diagnostic différentiel : simulation).
La prévalence de ces troubles, nommés auparavant « somatoformes », est élevée : en 2010 : 6,3% de la population générale, avec un risque de chronicisation qui est un des facteurs expliquant le coût élevé : en 2010 : 21,2 billions d'euros (addictions : 65,7 billions euros).
La réalisation du diagnostic, l'annonce de celui-ci et l'accompagnement du patient nécessitent une vigilance particulière afin de diminuer le nomadisme médical et le risque d'évolution chronique. En effet beaucoup de patients se montrent réticents à l'idée d'une origine psychologique de leur trouble. Le paradoxe est que, si l'anxiété est au cœur de la souffrance, le patient attend une réponse somatique.
La thérapeutique allie psychotropes, psychothérapies, en particulier les thérapies cognitivo-comportementales, et peut faire appel à d'autres méthodes : psychoéducation, acupuncture, chiropraxie, exercice physique, kinésithérapie, physiothérapie, balnéothérapie, cures thermales.... Pour l'acceptation et l'efficacité de ces différents traitements il convient de les présenter comme thérapeutiques des conséquences psychiques des troubles dont souffre le patient.
Un texte de l'INSERM conseille quant à la prise en charge en médecine générale des troubles somatoformes inexpliqués : « Vos symptômes vous inquiètent, d'autant plus que personne n'en trouve l'origine. Je n'observe moi-même aucun signe d'une maladie grave. Toutefois ces symptômes sont bien réels pour vous et vous gênent dans votre vie. Je peux vous aider à vous sentir mieux par une méthode qui a déjà été efficace pour d'autres patients. Puisque nous ne trouvons pas la cause de vos symptômes, je vous propose d'acquérir des stratégies pour gérer le stress qu'ils occasionnent ainsi que des méthodes de relaxation et des techniques pour reprendre goût à la vie et ce malgré ces symptômes. Je peux aussi vous adresser à un spécialiste qui vous enseignera ces techniques ».