15 h 45 - 16 h 15 / salle 1

Rupture d'approvisionnement : véritable préoccupation de santé publique

Anne-Sophie Lang (pharmacienne - Dijon)

Les pénuries de médicaments sont un problème complexe et à multiples facettes qui affecte à la fois les patients, les professionnels de santé, l'industrie pharmaceutique et les organismes de réglementation.

On parle de rupture d'approvisionnement lorsqu'une pharmacie d'officine ou une PUI (pharmacie à usage interne) est dans l'incapacité de dispenser un traitement à un patient dans un délai de 72 heures. En 2016 l'ANSM a recensé 391 médicaments en rupture contre 44 en 2008, sachant que ne sont répertoriées par notre agence que les ruptures de médicaments dits d'intérêt thérapeutique majeur, c'est-à-dire les médicaments pour lesquels une interruption de traitement est susceptible de mettre en jeu le pronostic vital des patients à court ou moyen terme. La durée moyenne des ruptures est de 109 jours selon l'ordre national des pharmaciens.

Mais à quoi sont dues ces ruptures ? Les causes sont nombreuses et multifactorielles. Parmi les principales causes, on retrouve :


- les difficultés liées à la production : capacité de production insuffisante, retard de production, incapacité de production par manque de la matière première (responsable de 17% des ruptures selon ANSM), usine détruite, défaut de qualité entraînant la suspension de l'activité de l'établissement, fabricant ou exploitant, à la suite d'inspections qui remettent en cause la qualité des médicaments,

- la mondialisation : les pays émergents accèdent de plus en plus aux traitements mais les volumes de production ne suivent pas toujours,

- l'augmentation subite des ventes suite à de nouvelles recommandations d'utilisation d'un pays, au report d'un médicament sur un autre,

- la libre circulation des biens et la distribution vers des pays à prix plus avantageux.


Les ruptures touchent toutes les classes thérapeutiques sans exception mais plus particulièrement les classes du système nerveux et des anti-infectieux ainsi que les médicaments du système cardiovasculaire pour la ville et les anticancéreux pour le milieu hospitalier.

Nous détaillerons la prise en charge des ruptures concernant les vaccins comme par exemple les vaccins antituberculeux, les anti-hépatiques A et B au niveau de la ville et à l'hôpital.