11 H 10 - 11 H 25 / Salle 2

LES PERTURBATEURS ENDOCRINIENS

Docteur Frédéric Lirussi - CHU Dijon

Selon l'OMS (2002), "Un perturbateur endocrinien est une substance ou un mélange de substances, qui altère les fonctions du système endocrinien et de ce fait induit des effets néfastes dans un organisme intact, chez sa progéniture ou au sein de (sous)- populations". A l'heure actuelle, sur les 30.000 substances chimiques utilisées en Europe, plus de 800 ont des propriétés perturbatrices endocriniennes avérées ou suspectées. Ces substances sont retrouvées dans de nombreux produits de la vie quotidienne comme certains pesticides, des plastifiants, des médicaments, des cosmétiques, des phytoestrogènes alimentaires...

Les perturbations hormonales induites peuvent être impliquées dans des pathologies graves comme le cancer, l'infertilité, le diabète ou encore l'obésité. Cependant, la plupart des effets attribués aux perturbateurs endocriniens ont initialement été observés à partir d'études expérimentales chez l'animal, ce qui explique les nombreuses controverses concernant leur transposition à l'homme. De plus, les mécanismes d'action des PE sont souvent multiples, leur sensibilité est fonction de la période d'exposition concernée, rendant leur évaluation toxicologique complexe. Enfin, même si les niveaux d'expositions sont très faibles, ces substances sont souvent présentes simultanément en mélange, pouvant entraîner un effet « cocktail », qui a été décrit récemment pour la première fois chez l'homme.

Malgré ces réserves, certains effets sanitaires de perturbateurs endocriniens célèbres (comme le bisphénol A ou les phtalates) ont été confirmés chez l'homme et ont abouti à leur substitution dans les matériaux au contact des denrées alimentaires ou dans les dispositifs médicaux. La France est particulièrement active concernant les perturbateurs endocriniens tant sur le plan politique au niveau de la réglementation européenne, que sur le développement de connaissances, puisque l'ANSES a été saisie, dans le cadre de la Stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens et s'est vue confier l'évaluation d'au moins cinq substances par an sur trois ans. Ces substances évaluées pourront faire l'objet d'une inscription sur la liste des substances extrêmement préoccupantes et/ou conduire à des restrictions d'usage dans certains secteurs de production industrielle.