15 h 45 - 16 h 15 / Salle 2

DEPISTAGE ET PREVENTION DE L'OBESITE CHEZ L'ENFANT

Docteur Stéphanie Pasteur - Barriod

Coordinateur Réseau de prévention et de prise en charge de l'obésité pédiatrique



La prévalence de l'obésité de l'enfant a plus que doublé en France entre les années 1980 et 2000. L'étude Esteban fournit les données épidémiologiques les plus récentes. Ainsi, en 2015, chez les enfants de 6-17 ans, la prévalence du surpoids (obésité incluse) s'élevait à 17% chez les garçons et 18% chez les filles. La prévalence de l'obésité était de 3,9%. La comparaison des données entre ENNS-2006 et Esteban 2015 indique que la prévalence du surpoids (obésité incluse) des enfants reste stable mais avec des disparités en fonction du niveau socio-économique notamment.

Les déterminants du surpoids de l'enfant sont multiples et intriqués : au-delà de son alimentation stricto sensu, le patrimoine génétique de chaque jeune, son histoire familiale et psychologique, son entourage, la société dans laquelle il vit, sont autant de facteurs potentiels et juxtaposables pouvant expliquer le développement ou non d'un surpoids. Les déterminants précoces sont maintenant bien connus. Il s'agit des facteurs précoces allant de la vie fœtale aux premières années de vie. Ils joueraient un rôle programmateur sur la prise de poids ultérieure. Il existe donc une fenêtre d'opportunité durant la période des 1000 premiers jours de l'enfant (de la conception à l'âge de 2 ans) pour agir en prévention primaire.

L'obésité commune est la plus fréquente. Elle résulte d'une interaction entre une susceptibilité génétique et un environnement à risque. Elle est la conséquence d'un déséquilibre de la balance énergétique entre les apports et les dépenses avec un bilan d'énergie positif prolongé. L'obésité secondaire, de cause génétique, endocrinienne ou iatrogène est rare.

Pour dépister le surpoids et l'obésité, il est recommandé de surveiller l'IMC des enfants et adolescents 2 à 3 fois par an quel que soit leur corpulence apparente et de tracer régulièrement les courbes de corpulence. Chaque consultation peut être l'occasion d'aborder la question du poids. La courbe de corpulence est un outil pour amorcer le dialogue.

Les signes d'alerte à repérer sont : le rebond d'adiposité précoce, l'ascension continue de la courbe d'IMC depuis la naissance, le changement rapide de couloir vers le haut, le rapport tour de taille / taille supérieur à 0,5.

Le rebond d'adiposité peur précéder de plusieurs mois, voire années, l'impression visuelle d'un enfant en surpoids. En dehors des obésités sévères, le simple regard, même professionnel, ne suffit pas chez l'enfant à faire le diagnostic de surpoids.

Un dépistage et une prise en charge précoce peuvent permettre de limiter l'apparition des complications chez l'enfant (psychologiques, respiratoires, orthopédiques, endocriniennes, sociales...) et la progression de la prévalence de l'obésité chez l'enfant puis chez l'adulte. 60 à 80% des adolescents obèses non pris en charge le restent à l'âge adulte. Les réseaux de santé de type RéPPOP peuvent être un appui pour les professionnels. Ils permettent une prise en charge de proximité multidisciplinaire et coordonnée de l'enfant et sa famille.