Impact de l'éducation thérapeutique sur le vécu et le ressenti du patient diabétique de type II
Dr Katia MAZALOVIC
M.G.
Introduction :
L'éducation thérapeutique (ET) est désormais considérée comme un élément central de la prise en charge du diabète de type 2. De nombreuses études ont permis d'évaluer ses bénéfices en termes de morbidité. En revanche, peu d'études ont permis d'évaluer son impact sur le ressenti et le vécu du patient. Qu'en est-il ?
Méthode :
L'évaluation de l'impact des séances d'ET ambulatoires sur le vécu et le ressenti du patient nécessitait un recours à une méthodologie qualitative. En effet, le ressenti du patient, ainsi que l'impact de l'ET sur son quotidien étaient des phénomènes difficilement quantifiables et peu objectivables.
Les méthodes de recherche qualitatives regroupent différentes méthodes d'études, faisant appel à des critères de scientificité stricts. Empruntées aux sciences humaines, elles sont particulièrement adaptées à l'étude de phénomènes subjectifs, difficilement quantifiables, complexes ou de domaines encore peu étudiés. L'objectif est alors comprendre la dynamique, le mécanisme d'un phénomène et non de le quantifier.
Dans le cadre de l'étude de l'impact de l'ET, une étude qualitative par entretiens semi-dirigés a été menée auprès de 14 patients diabétiques de type 2 ayant participé au programme d'ET ambulatoire du Groupement des Professionnels de Santé du Pays Beaunois. L'échantillonnage respectait le principe de saturation des données. Les entretiens ont fait l'objet d'un double codage et d'une analyse par théorisation ancrée.
Résultats :
L'avis des patients au sujet de l'ET était très positif. Certes, cette dernière apportait au patient des connaissances utiles et une aide concrète, mais le principal bénéfice résidait dans le bénéfice psychique apporté au patient (par le groupe de parole et le soutien de professionnels de santé), dans la motivation au changement de comportement et dans la construction de compétences utiles à la prise en charge du diabète. Parallèlement, l'impact de l'ET dépendait de nombreux facteurs : représentations de la maladie, stade d'acceptation, personnalité du patient, expérience des complications, etc...
Conclusion :
L'ET est une forme de soin complexe puisqu'elle doit s'inscrire dans l'histoire du patient et intégrer la maladie chronique dans ses dimensions biomédicales et psychosociales. L'ET, telle qu'elle était pratiquée dans cette étude, s'inscrivait résolument dans toutes ces dimensions et permettait au patient d'en tirer des bénéfices, en fonction de ses attentes et besoins. L'information médicale et technique était secondaire pour les patients en comparaison au bénéfice psychosocial.