Le dépistage du cancer du sein doit-il être remis en question ?
Dr Julien GELLY
Chef de clinique de Médecine Générale
Le cancer du sein est le cancer de la femme le plus fréquent dans les pays occidentaux. En France, le dépistage organisé repose sur une mammographie tous les 2 ans chez les femmes âgées de 50 à 74 ans. Depuis plus de 10 ans, plusieurs études ont cependant mis en évidence le risque de sur-diagnostic et de sur-traitement inhérent à cette stratégie.
Pour 2 000 femmes invitées pendant 10 ans au dépistage du cancer du sein par mammographie : 1 femme évitera un décès par cancer du sein ; 10 femmes en bonne santé auront un diagnostic de cancer du sein et recevront un traitement lourd, alors que leur cancer n'aurait jamais évolué ; environ 200 femmes en bonne santé seront victimes d'une fausse alerte (faux positifs).
Ces «nouvelles» données sont encore peu audibles dans la presse spécialisée ou grand public. La plupart des agences nationales n'ont pas révisé leurs recommandations à la lumière de ces données pourtant solidement établies. La coexistence d'études bien plus favorables au dépistage par mammographie ne facilite pas la tâche des médecins généralistes.
La décision de dépister, ou non, le cancer du sein par mammographie reste donc délicate. Celle-ci devrait revenir à chaque femme concernée, après avoir été pleinement informée des bénéfices escomptés et des risques encourus. La place des médecins généralistes est ici essentielle.