Les urgences dentaires en Médecine Générale

photo ahossi victorinDr Victorin AHOSSI
Odontologue

Si les urgences odontologiques engagent exceptionnellement le pronostic vital, elles sont néanmoins invalidantes par la douleur et les conséquences à long terme. Par exemple, un enfant de 10 ans, victime d'un accident de roller, présente une fracture du tibia et l'expulsion de deux incisives supérieures ; la prise en charge orthopédique est immédiate et la réparation bien souvent «ad integrum» s'effectue au bout de quelques semaines ; la non-réimplantation des incisives engendre des séquelles esthétiques et fonctionnelles à vie.
Les urgences odontologiques sont aujourd'hui un vrai problème de santé publique, la participation de tous les acteurs de santé y compris le médecin généraliste aiderait à régler bien des situations.
Les urgences odontologiques se répartissent en six catégories : les syndromes algiques, les traumatismes buccodentaires, les hémorragies, les pathologies infectieuses, les troubles de l'articulation temporomandibulaire et les pathologies de la muqueuse buccale.
L'évaluation de la douleur dans ces circonstances repose à la fois sur un examen clinique et sur un questionnaire adapté.
Face à un traumatisme buccodentaire, le médecin recherche les atteintes dentaires (mobilités, pertes de substance avec ou sans exposition pulpaire).
Les complications infectieuses ont plusieurs étiologies possibles. Les signes cliniques à rechercher sont : une tuméfaction, une halitose, une inflammation gingivale avec ou sans saignements, une mobilité dentaire ; une présence de dépôts bactériens, de tartre et un délabrement de la couronne dentaire ; une douleur accentuée par la mastication.
Pour les hémorragies buccodentaires, la visualisation d'un caillot ou d'un saignement détermine la localisation de l'effraction vasculaire ou tissulaire. La détermination de l'origine du saignement, artériel ou veineux, oriente le médecin dans sa démarche. La présence d'une malformation artérioveineuse, bien qu'exceptionnelle, doit être recherchée.
Les troubles de l'articulation temporo-mandibulaire se caractérisent par une luxation condylienne unilatérale ou bilatérale et une luxation condylodiscale irréductible aiguë bilatérale dont les causes sont diverses. Ces luxations se manifestent cliniquement par une ouverture de la bouche modérée, avec une latérodéviation mandibulaire du côté sain pour une luxation unilatérale et une impossibilité à refermer la cavité buccale pour une luxation bilatérale.
Le diagnostic des lésions de la muqueuse buccale est extrêmement complexe et varié. Devant une lésion de la muqueuse buccale le médecin doit s'intéresser aux causes éventuelles qui peuvent être traumatiques (physique, chimique, mécanique...) ou non traumatiques. En examinant ce patient, nous devons garder en tête qu'une lésion peut être maligne ou être le premier signe annonciateur d'une tumeur maligne à distance. Après une prescription qui doit soulager la douleur, le patient est orienté vers un service d'odontologie pour une prise en charge plus adaptée.
Le but de cette présentation est de permettre au médecin généraliste de les identifier et de faciliter leur gestion : soit en réalisant lui-même le traitement d'urgence (la prescription qui permet d'attendre ou de faire un trajet ; remettre une dent dans son alvéole, faire une compression hémostatique) ; soit en orientant le patient vers un odontologiste pour une prise en charge plus adaptée.


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