L'addiction au jeu : de l'adolescent à l'adulte

photo pinoitDr Jean-Michel PINOIT
Psychiatre

Si les jeux d'écran font fréquemment partie de la vie familiale dès le plus jeune âge, c'est à l'orée de l'adolescence, vers 12/13 ans, que peut s'installer une véritable «passion du jeu». L'écran permet de s'abstraire du temps et de l'espace, de disposer de tous les possibles et de pouvoir franchir toutes les limites. Ainsi, beaucoup d'adolescents traversent une période d'intense pratique, qui culmine vers l'âge de 15/16 ans. On le devine, ces pratiques ne sont pas toutes synonymes d'addiction, loin de là et seul un nombre restreint d'adolescents entre dans un usage addictif des jeux.

Pour le clinicien, il est ainsi nécessaire de disposer de repères : la typologie des jeux, les éléments de personnalité qui se dessinent chez l'adolescent nous donnent une première approche. Mais c'est bien dans la relation jeu/adolescent que nous pouvons trouver le maximum d'indices pronostiques : la qualité des émotions mobilisées (primaires ou complexes), ou des interactions requises (simples ou multiples) nous permettent d'évaluer le risque de dépendance.

Plus tard, à la fin de l'adolescence et au début de l'âge adulte, la relation joueur/jeu peut être analysée sous deux dimensions : d'une part l'installation d'une véritable barrière entre le monde virtuel et le monde réel et d'autre part la différenciation entre l'homme et la machine. Lorsque ces éléments, moins banals qu'il n'y paraît, font défaut, le risque de dépendance est important. Parallèlement, on assiste le plus souvent à un glissement des jeux vidéo vers les jeux d'argent, plus fréquents à l'âge adulte et à une association à d'autres conduites addictives, notamment aux produits psychoactifs tels que l'alcool ou le tabac.

Dès lors que le diagnostic d'addiction au jeu a été porté se pose naturellement la question de la thérapeutique. Les techniques comportementales et cognitives sont largement utilisées, mais il ne faut pas négliger l'existence d'une comorbidité psychiatrique, par exemple une pathologie anxieuse ou dépressive. Leur non prise en charge se traduit inéluctablement par une rechute addictive...


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