Diagnostic des troubles mnésiques et cognitifs
Dr Olivier ROUAUD
Neurologue
La Maladie d'Alzheimer (MA) est la maladie la plus fréquente des maladies neurodégénératives à l'origine de troubles cognitifs. Sa prévalence est importante après 65 ans mais peut concerner des patients plus jeunes. Cette maladie, dans sa forme typique, se caractérise par l'apparition inaugurale de lésions protéiques pathologiques (Amyloïdes puis TAU) au niveau du cortex temporal interne pour gagner progressivement l'ensemble de l'encéphale.
Il existe 3 stades de la maladie :
-un stade pré-symptomatique où les lésions s'accumulent progressivement sans générer de signes objectifs et dont la durée pourrait varier de 10 à 20 ans,
-un stade symptomatique dit «prodromal» de la maladie où le taux de lésions est suffisant pour générer des troubles mnésiques légers dont l'installation est insidieuse (durée 3 à 5 ans),
-et enfin un stade symptomatique dit «démentiel», stade où les lésions sont diffuses et où les troubles impactent significativement l'autonomie des malades (durée de 5 à 10 ans).
Ces données montrent que la MA n'est pas une maladie du sujet âgé mais que le vieillissement représente le principal facteur de risque d'en développer les symptômes.
La plainte mnésique est donc, dans la plupart des cas, le symptôme inaugural de la MA. Des études longitudinales récentes montrent aussi, qu'en l'absence de troubles objectifs, elle est un facteur de risque de la MA. Actuellement, dans la pratique quotidienne, la précocité du diagnostic est gage d'une meilleure prise en charge, du fait de l'instauration de traitements symptomatiques et d'anticipation des complications qui émailleront immanquablement l'évolution de la maladie. Dans un avenir très proche, la reconnaissance des tout premiers symptômes (stade «prodromal»), voire des facteurs de risques, pourrait être d'une importance majeure au vu du développement de nouveaux outils diagnostiques para-cliniques spécifiques et de possibles médicaments modifiant le cours de la maladie.
Ceci illustre le rôle majeur du médecin généraliste dans le repérage des premiers symptômes et c'est par lui que pourront s'appliquer, dans les meilleurs délais, les différentes procédures de prise en charge, telles qu'elles sont proposées actuellement et telles qu'elles devraient évoluer. L'exposé développera ces questions ainsi que la pertinence d'éléments de l'interrogatoire, d'outils cliniques et neuropsychologiques permettant de qualifier une plainte mnésique de suspecte ou de moins suspecte. Enfin, il sera évoqué les critères diagnostiques d'autres maladies dégénératives à expressions cognitive et/ou comportementale ainsi que les éléments permettant de les suspecter.