Bilan d'un essoufflement du sujet âgé

photo mazenDr Emmanuel MAZEN
Gériatre


Symptôme fréquent en médecine ambulatoire, qu'il soit aigu ou chronique, un essoufflement trouve le plus souvent son origine dans la sphère cardio-pulmonaire.
Encore faut-il réussir à faire ressortir le symptôme à l'interrogatoire car contrairement au jeune, et même s'il existe un retentissement fonctionnel, le sujet âgé aura tendance à ne pas considérer la gène comme étant pathologique, l'attribuant à la «vieillerie». De même, si l'essoufflement est d'apparition progressive, bon nombre de patients âgés limiteront consciemment ou non leurs activités afin d'éviter la survenue du symptôme. Enfin, il ne faut pas méconnaitre notre part dans la négligence d'un essoufflement, rejoignant parfois le fatalisme de notre patient («c'est la vieillerie que je vous dis»). Il faut donc apprendre à débusquer une dyspnée devant une réduction des sorties, du périmètre de marche, des activités de la vie quotidienne et ce, avant d'entrer dans le cercle vicieux de la désadaptation musculaire à l'effort, qui représente déjà une cause fréquente d'essoufflement.
A la différence du jeune, le bilan d'un essoufflement chez un sujet âgé ne devra pas se limiter à la recherche d'une étiologie unique mais s'attachera à mettre en lumière toutes les pathologies pouvant concourir voire interagir pour donner une dyspnée. Electrocardiogramme et échographie cardiaque permettront de rechercher un trouble du rythme supraventriculaire, une insuffisance coronarienne, une insuffisance cardiaque à fraction d'éjection ventriculaire gauche préservée ou effondrée, un rétrécissement aortique serré, une pathologie mitrale ou une hypertension artérielle pulmonaire post-embolique méconnue. La biologie nous orientera vers une hyperthyroïdie, une anémie, une dénutrition protéino-énergétique responsable d'une sarcopénie. Au moindre doute, on s'appuiera sur une exploration fonctionnelle respiratoire, les troubles ventilatoires (BPCO, asthme, dilatation des bronches, syndrome restrictif) étant souvent méconnus alors qu'ils sont accessibles à un traitement efficace.
Enfin, devant une dyspnée aiguë, on abandonnera la distinction entre bronchite et pneumopathie au profit de celle de bronchopneumopathie (même combat !), et si l'asthme n'est pas rare chez le sujet âgé, sa présentation de novo sera considérée comme d'origine cardiaque jusqu'à preuve du contraire.


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