Vitamines D, mais qui a un dosage normal ?
Dr Jean-Claude GUILLAND
Physiologiste
La vitamine D est classiquement associée au métabolisme phosphocalcique et osseux. Mais, depuis 20 ans, l'identification de nombreuses lignées cellulaires sensibles à la vitamine D, l'approche moléculaire et génétique de son récepteur et la synthèse chimique d'analogues de synthèse ont permis d'élargir considérablement le champ des fonctions de la vitamine D dans l'organisme. Bien que la 1,25(OH)2 vitamine D soit la forme active de la vitamine D, ce n'est pas elle qui doit être mesurée pour évaluer le statut vitaminique D. En effet, en cas d'insuffisance en vitamine D, le taux de calcitriol peut être normal, voire élevé, car ce déficit stimule la PTH et donc la 1-hydroxylase. Il faut donc doser la 25(OH) vitamine D, qui représente le stock en vitamine D de l'organisme. Si la valeur définissant une carence (< 10 ng/ml soit 25 nmol/l) est bien établie, celle correspondant à une insuffisance en vitamine D a fait l'objet de nombreuses controverses. L'Académie Nationale de Médecine considère que l'insuffisance en vitamine D peut être définie à partir d'une concentration en dessous de laquelle il existe des effets délétères pour la santé osseuse du fait de l'hyperparathyroïdie et du remodelage osseux qui en découle et propose la valeur de 30 ng/ml (soit 75 nmol/l). Si l'on accepte ce chiffre, il apparaît qu'en France le déficit (et non la carence !) en vitamine D est très fréquent. De ce fait, la question de l'intérêt d'un dosage systématique de la 25(OH) vitamine D se pose. Il n'y a pas de consensus aujourd'hui pour définir les patients chez qui doser la vitamine D et ceux chez qui donner de la vitamine D sans dosage préalable. L'Académie Nationale de Médecine recommande qu'un dosage de 25(OH) vitamine D soit pratiqué principalement au cours des maladies osseuses, digestives, intestinales ou rénales et qu'il soit couplé selon les cas au dosage de l'hormone parathyroïdienne sérique.