Médicaments et grossesse
Dr Anne DISSON-DAUTRICHE
Centre Régional de Pharmacovigilance de Bourgogne
Prescrire un médicament est un acte courant mais difficile surtout chez la femme enceinte ou en âge de procréer. Dans la population générale, environ 2 à 3% des enfants naissent avec une malformation dont moins de 5% sont liées à une cause médicamenteuse : même en dehors de toute prise médicamenteuse le "risque zéro" n'existe donc pas.
Très peu de médicaments sont, de façon certaine, sans danger mais très peu justifient de discuter une interruption de grossesse. Les risques sont liés d'une part, à la période d'exposition (péri-implantatoire, embryonnaire, fœtale et prénatale) et d'autre part, au médicament (données expérimentales et cliniques). Ainsi, la chronologie est un des éléments les plus importants à prendre en compte dans l'appréciation d'un risque éventuel. La période d'exposition au médicament peut-être beaucoup plus longue que la période de prise du médicament (médicament à longue demi-vie d'élimination).
Trois groupes de médicaments peuvent être distingués sur le plan tératogène en cas d'exposition pendant la période de sensibilité du développement du ou des organes cibles :
- les médicaments dont la tératogénicité est certaine (les rétinoïdes, le thalidomide, le cyclophosphamide... mais aussi l'acide valproïque, les antivitamine K, le lithium...) ;
- les médicaments non tératogènes (amoxicilline, paracétamol, doxylamine...) ;
- les autres médicaments (informations insuffisantes pour évaluer le potentiel tératogène ou prédire un risque).
Enfin, il y a aussi les médicaments formellement contre-indiqués pendant la vie fœtale en raison d'effets fœtaux ou néonatals graves (AINS, IEC...).
Dans cette présentation, nous avons choisi d'évoquer les médicaments les plus souvent utilisés chez la femme en âge de procréer et couramment prescrits par le médecin généraliste comme les médicaments d'allergologie et en particulier les anti-histaminiques, les antalgiques-antipyrétiques, les anti-inflammatoires, les médicaments de gastro-entérologie, les antibiotiques, les vaccins, les antidépresseurs, les anxiolytiques et les hypnotiques.
Le choix du médicament le moins dangereux doit se faire au cas par cas, en fonction du terme de la grossesse mais aussi de la pathologie maternelle, des antécédents de la patiente... et d'un éventuel désir d'allaiter.
Enfin, il est important de rappeler que l'utilisation des médicaments doit être limitée au cours de la grossesse et qu'en aucun cas, la patiente ne devrait prendre un médicament sans avoir préalablement pris conseil auprès d'un médecin ou pharmacien.