Princeps, copies, génériques : quelles différences ?

CHAMBIN

Pr Odile CHAMBIN
Pharmacie galénique et biopharmacie

Les génériques sont des médicaments qui font particulièrement parler d'eux depuis la nouvelle convention avec l'assurance maladie. Tous les professionnels de santé sont concernés, notamment les médecins qui rencontrent souvent des patients réfractaires et les pharmaciens qui doivent choisir leur fournisseur de génériques et assurer une bonne dispensation de ces médicaments. Tous perdent du temps à expliquer, justifier, convaincre... et beaucoup se posent des questions alors que certains points ne devraient plus être discutés.
Il faut savoir qu'un médicament générique ne peut être commercialisé qu'après évaluation de son dossier par des experts de l'ANSM ou de l'EMA, avec différentes compétences, afin d'obtenir l'AMM.
Un générique contient la même substance active (qualitativement et quantitativement) que le princeps (mais il existe des cas où les sels contenus sont différents). Par contre, les excipients peuvent varier ainsi que les procédés de fabrication. Tout ceci ne doit pas avoir d'influence sur la biodisponibilité afin de vérifier l'obligation de bioéquivalence.
Comment se retrouver entre tous ces génériques et les princeps ? Quelles sont les questions que l'on peut se poser ? Voici quelques points que nous aborderons au cours de cet exposé qui se veut pratique mais pas exhaustif.

Un générique sera évalué :
- Sur le plan chimique afin de vérifier la qualité des matières premières utilisées. Toutes doivent être fabriquées par un établissement à statut pharmaceutique. Et il sera surtout recherché le profil d'impuretés (substance active et produit fini) qui doit être comparable au princeps.
- Sur le plan galénique car la forme pharmaceutique doit être comparable : (formes cutanées entre elles (crèmes / pommades / gels), formes sèches pour la voie orale (comprimés / gélules), formes à libération modifiée (matrices hydrophiles / comprimés osmotiques). On a beaucoup parlé des excipients à effet notoire mais ceux-ci sont aussi utilisés dans la formulation de princeps (ex. lactose). Par contre, il faut être sûr que des excipients différents conduisent bien à des résultats identiques lors des essais pharmacotechniques et notamment lors des essais de dissolution in vitro (essais à 3 pH) et d'uniformité des préparations unidoses (étude statistique).
- Sur le plan pharmacocinétique avec l'étude de bioéquivalence où la variation tolérée est de +/- 10% sur l'intervalle de confiance des aires sous courbe. Mais souvent, les génériques ne sont pas comparés entre eux et la question se pose alors sur leur bioéquivalence entre eux.
S'il y a peu de risques de variation entre un princeps et sa copie (même laboratoire / même formule), les risques ne sont pas nuls dans les autres cas. Et il faut rester vigilant pour la prescription de médicaments à marge thérapeutique étroite et pour le choix des marques de génériques (où le pharmacien doit adapter son choix au patient : ex. présence d'alcool dans certains génériques de Gaviscon® ou de sucre dans certains sirops sans sucre pour enfant...).
Si les génériques sont à privilégier aujourd'hui pour des raisons économiques, chaque professionnel de santé doit garder son libre arbitre pour prescrire ou non un générique et délivrer ou non tel ou tel type de générique en fonction du patient qu'il accompagne.


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