Les dermocorticoïdes
Pr Pierre VABRES
Dermatologue
Les dermocorticoïdes sont des médicaments d'usage courant mais leurs modalités d'emploi, leurs risques et leurs bénéfices sont paradoxalement souvent méconnus. Ils sont pourtant utilisés depuis les années 1950, époque à laquelle l'adjonction de radicaux fluorés aux corticostéroïdes a permis leur pénétration cutanée et le traitement efficace par voie locale des dermatoses inflammatoires, qui constituent leurs principales indications : eczéma de contact, eczéma atopique, psoriasis. Ils sont indiqués aussi dans les dermatoses auto-immunes : pelade, vitiligo, voire pemphigoïde bulleuse. Ils sont toutefois contre-indiqués dans l'acné ou la rosacée, qui est parfois entretenue par l'application inadaptée de dermocorticoïdes.
La prescription doit être la plus claire et la plus explicite possible afin d'assurer la meilleure adhérence du patient, l'inobservance étant probablement la principale cause d'échec du traitement.
Le choix de la forme galénique (pommade, crème, gel, lotion), et de la puissance du dermocorticoïde (classe faible, modérée, forte ou très forte) dépend de ces indications mais aussi de l'âge du patient, du site d'application ou de la surface atteinte.
La pénétration est en effet extrêmement variable d'une zone à l'autre des téguments et les risques d'effets indésirables également : atrophie cutanée, vergetures, dépigmentation, hypertrichose... Elle est augmentée par l'occlusion cutanée qui peut d'ailleurs être utilisée pour renforcer l'effet thérapeutique. Les effets indésirables systémiques, essentiellement la freination surrénalienne, ne s'observent qu'avec les dermocorticoïdes de classe très forte utilisés sur des surfaces étendues et de façon prolongée. L'allergie de contact est rare mais à évoquer en cas de persistance paradoxale d'un eczéma.
La fréquence d'application est d'une seule fois par jour mais la posologie des dermocorticoïdes n'est pas aussi précise que celle des traitements per os. De plus la dose nécessaire varie d'un jour à l'autre selon l'intensité et la surface atteinte. C'est pourquoi la prescription doit laisser le patient libre initialement d'appliquer la quantité nécessaire, à condition de surveiller la consommation par le comptage du nombre de tubes lors des consultations de suivi. Ceci permet d'évaluer l'observance, mais aussi la gravité de la dermatose.
Le patient doit comprendre que ce traitement n'est que symptomatique et ne modifie pas le cours des dermatoses chroniques. Il doit savoir, grâce à une éducation thérapeutique, dans quelles circonstances il doit l'arrêter ou le reprendre. La corticophobie, fréquente, constitue un frein à l'observance, explique les échappements au traitement attribués par erreur à une accoutumance, et justifie des explications et une information adaptées.
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