Les troubles bipolaires

photo bonin bernardPr Bernard BONIN
Psychiatre

Les troubles bipolaires, dont la clinique recouvre en grande partie la maladie maniaco-dépressive (qui comporte également des formes cliniques monopolaires), ont une prévalence importante sur la vie entière, 1 à 2% de la population générale, et occupent le 6ème rang mondial des maladies en terme de handicap.
On distingue les troubles bipolaires :
-type I : succession d'épisodes dépressifs majeurs et d'épisodes maniaques
-type II : succession d'épisodes dépressifs majeurs et d'épisodes d'hypomanie
-type III : association d'épisodes dépressifs majeurs et soit d'une hypomanie induite par un traitement biologique, soit d'un tempérament hyperthymique, soit d'antécédents familiaux de troubles bipolaires.
La clinique est en théorie caractéristique avec les épisodes mélancoliques, maniaques, mixtes. Néanmoins la diversité des modes d'expression, les comorbidités, les variations sémiologiques selon l'âge... sont autant de facteurs de retard du diagnostic : en moyenne 10 ans d'évolution entre l'apparition des premiers symptômes et l'initiation d'un traitement thymorégulateur, consultations auprès de 4 à 5 psychiatres.
Cependant la précocité du diagnostic est primordiale en raison de l'importance du risque suicidaire dans cette pathologie (19% des patients décèdent par suicide), des conséquences sociales (handicap social pour 60% des patients, handicap professionnel pour 40% des patients) et médicolégales (troubles du comportement lors des états maniaques) ; par ailleurs la précocité du traitement est un facteur de meilleur contrôle à long terme de la maladie.
Chez un sujet déprimé il faut évoquer un trouble bipolaire bien entendu en cas d'antécédents de manie, mais également dans les situations suivantes : âge de début précoce, caractéristiques mélancoliques, dépression agitée, conduite suicidaire grave, état dépressif du post-partum.
Le taux de mortalité (suicides exclus) est deux fois plus élevé que celui de la population générale, en particulier en raison de la fréquence des troubles addictifs associés : en effet les conduites addictives touchent 27,9% des patients souffrant de troubles bipolaires contre 9,35% de la population générale (étude de 2007). Et les études récentes mettent en évidence des comorbidités somatiques fréquentes : surpoids, diabète, maladies cardiovasculaires, pathologie migraineuse.
La thérapeutique fait essentiellement appel aux thymorégulateurs ; antidépresseurs et neuroleptiques ne sont plus prescrits en raison de leurs actions délétères sur l'évolution à long terme de la maladie avec précipitation des inversions d'humeur. L'éducation thérapeutique est nécessaire (poursuivre un traitement prophylactique alors que l'on va bien) ; le médecin généraliste participe à celle-ci et au suivi somatique indispensable lié à la prescription à long terme des thymorégulateurs.


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