Obésité et cancer

photo hillon patrickPr Patrick HILLON
Hépato-Gastro-Entérologue

Un des problèmes majeurs de santé publique auquel nous sommes confrontés depuis quelques années est l'obésité. La surmortalité liée à l'obésité est dominée, avec une fréquence voisine, par les maladies cardiovasculaires et le cancer.

L'obésité et le diabète de type 2 augmentent le risque de nombreux cancers.
Chez l'homme le sur-risque concerne essentiellement les cancers digestifs (cancers œsophagiens, colorectaux, hépatiques et vésiculaires), les cancers thyroïdiens et du rein. A l'exception du foie, la fréquence de ces cancers est également augmentée chez la femme qui souffre de plus d'un excès de risque de cancers gynécologiques (endomètre, sein post-ménopausique). Annuellement, environ 100 000 nouveaux cancers diagnostiqués dans la Communauté Européenne sont exclusivement liés à l'excès de poids.

L'obésité et le diabète aggravent le pronostic de certains cancers.
Ce fait a été établi parmi les cancers digestifs pour les cancers coliques, les cancers pancréatiques et surtout les carcinomes hépatocellulaires (CHC) dont la croissance est d'autant plus rapide que l'insulinémie est élevée. Le risque de récidive des CHC traités à visée curative est augmenté en cas d'excès de graisse viscérale et de diabète.
Quel que soit le statut ménopausique et probablement en raison de l'hyperoestrogénie liée à l'excès de tissu graisseux, le pronostic des cancers du sein est aggravé chez l'obèse lorsque les cellules tumorales sont pourvues de récepteurs aux œstrogènes.

L'obésité est susceptible de réduire l'efficacité de certains traitements anticancéreux.
En cas d'excès de graisse viscérale, la réponse aux traitements antiangiogéniques des cancers du rein et des cancers coliques métastatiques est diminuée. Cela est probablement lié à l'augmentation des concentrations sanguines de nombreux facteurs angiogéniques chez les malades atteints de surpoids.

Conclusion
L'obésité pourrait à terme réduire considérablement le bénéfice des efforts des politiques de santé publique dans la prévention du cancer dans les pays occidentaux. Sa prise en charge doit-être un objectif thérapeutique majeur de la lutte contre le cancer en particulier chez les personnes à risque. Cette démarche est d'autant plus justifiée que la correction du poids réduit la mortalité par cancer en quelques années.


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