Lombalgies : prévenir le passage à la chronicite

photo morlon francoisDr François MORLON
Médecin Généraliste

Les lombalgies sont un motif très fréquent de consultation en soins primaires : 7% des résultats de consultations en médecine générale. 90% des Français connaîtront «un mal de dos» durant leur existence. La CNAMTS estime le coût annuel des lombalgies à 2 milliards d'euros.
Du point de vue chronologique, on distingue les lombalgies aiguës durant au maximum six semaines, les lombalgies subaiguës entre 7 et 12 semaines et les lombalgies chroniques évoluant depuis trois mois ou plus. Les lombalgies chroniques sont rares (moins de 5% des personnes lombalgiques), mais sont les plus graves du fait des conséquences sur la santé et du retentissement social, professionnel et économique. A ce stade, moins de 60% des lombalgiques pourront reprendre leur activité professionnelle, la probabilité de retourner aux activités habituelles décroissant avec la durée de l'incapacité.
Tout comme il existe des indices de gravité d'une lombalgie aiguë (drapeau rouge), il existe des indicateurs reconnus de passage à la chronicité (les drapeaux jaunes), à détecter au plus tard au début du stade subaigu de la lombalgie. Ces «drapeaux jaunes» très faciles à repérer, comportent des facteurs psychologiques et comportementaux, professionnels et cliniques. Sans être exhaustif on peut citer l'insatisfaction au travail, les tâches physiques lourdes, l'impossibilité de modifier le travail, le manque de confiance dans ses capacités à revenir au travail, un conflit pour une indemnisation vécue comme professionnelle, des antécédents de lombalgie ayant duré longtemps ou d'arrêt maladie long et récent, l'intensité de la douleur, un état dépressif ou/et anxieux, une absence de soutien familial ou/et professionnel, des fausses croyances concernant la dangerosité de l'activité physique et une attitude passive d'entrée dans la «maladie lombalgique». Le patient entre alors dans le cercle vicieux de la douleur, avec perte de l'habitude de bouger et peur de se faire mal (kinésiophobie).
Le médecin généraliste qui a la connaissance de son patient, devra intégrer ces facteurs de risque dès la première consultation (surtout en cas d'antécédent lombalgique avec un long arrêt maladie) pour en réduire les répercussions. De ce même point de vue, il devra passer du temps à l'information du patient tout en ne délivrant qu'un nombre limité de messages clairs repris par un document écrit : expliquer la bénignité de la lombalgie aiguë, la non prescription du repos et la démarche thérapeutique, tout en anticipant la possibilité du retour au travail ! Il devra aussi corriger les perceptions erronées. La compétence relationnelle et de communication est donc essentielle pour éviter l'évolution vers la chronicité du patient lombalgique. Quant au versant professionnel, il existe des recommandations de reprise du travail et l'INRS* propose un «cadre vert» de moindre pénibilité devant être appliqué 1 à 3 semaines suivant le retour du salarié lombalgique. Les freins à la reprise, évoqués plus haut, doivent être pris en charge précocement en s'aidant des intervenants adaptés à la nature de l'obstacle (médecin du travail, kinésithérapeute, ergothérapeute, psychologue ...).


* INRS : Institut National de Recherche et de Sécurité ; s'occupe de la prévention en milieu professionnel.


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