Balance bénéfice-risque de la vaccination
Pr Frédéric HUET
Pédiatre
Les ligues anti-vaccinales multiplient actuellement les attaques contre les vaccins proposés dans le calendrier officiel. Après le vaccin contre l'hépatite B, c'est aujourd'hui le vaccin contre l'HPV qui est leur cible favorite. Comme souvent, la médiatisation d'effets indésirables rapportés par quelques patients sans qu'aucun lien de causalité ne soit démontré et la diffusion de doutes (non fondés) sur la réelle efficacité des vaccins participent à la polémique.
Parmi les bénéfices attendus des vaccins, l'impact réel sur l'incidence et la morbidité des maladies est évidemment le plus important à démontrer et doit faire l'objet d'une surveillance très attentive, dans une démarche scientifique et non économique. Elle doit en particulier être indépendante des groupes industriels, intéressés par les résultats. L'optimisation des schémas vaccinaux (type de vaccins, combinaisons vaccinales, nombre et âge des injections, rappels...) est essentielle à maîtriser afin de lever toute ambiguïté et d'aboutir à un calendrier consensuel. L'oubli de la gravité de certaines maladies ou épidémies a probablement conduit à un désintérêt pour certains vaccins. L'exemple de la rougeole est à ce titre frappant. Dans les pays industrialisés, elle tue 1 patient sur 3000 et l'épidémie actuelle, directement corrélée à une sous-vaccination, le confirme.
La connaissance des effets secondaires avérés (ex : syndrome de Guillain-Barré et grippe) ou exclus (ex : sclérose en plaque et hépatite B, mort subite et DTC) et la sécurité d'emploi des présentations actuelles (ex : aluminium, adjuvants ...) doivent être connues des utilisateurs afin de lever tout doute et de répondre aux questionnements attendus des patients. La peur ou le rejet, les objections d'ordre religieux ou philosophique, le refus d'ingérence des autorités sur la vie privée sont des arguments qui nécessitent un discours maîtrisé afin de permettre une décision en connaissance de cause.
Aujourd'hui, aucun argument anti-vaccinal ne justifie les freins mis par certains confrères, convaincus de «protéger» leurs patients. Avec des objectifs collectifs comme à l'échelon individuel, la balance bénéfice-risque est largement favorable à la prévention par la vaccination telle que définie par le Haut Conseil de la Santé Publique.
Voir l'intégralité de la communication