La muqueuse buccale : pathologies

Dr Laurent LEVEQUE
Dermatologue

Dr Bruno MORIZOTphoto  pinoit
Oto-Rhino-Laryngologiste


Dr Laurent LEVEQUE
Dermatologue
Les lésions non cancéreuses de la muqueuses buccale sont nombreuses et posent des problèmes aussi bien diagnostiques que thérapeutiques.
Les lésions dites «anomalies physiologiques» : leucooedème, linea alba, grains de Fordyce, langue saburrhale, n'ont souvent pas de signification pathologique, mais certaines (langue géographique, langue noire villeuse, hypertrophie gingivale, langue fissurée scrotale) doivent parfois faire rechercher des étiologies rares ; certaines (épulis, diapneusie) peuvent nécessiter un traitement.
Les aphtes, ulcérations douloureuses à fond déprimé jaunâtre, généralement bénins, guérissant spontanément, peuvent parfois poser des problèmes diagnostiques avec d'autres ulcérations (dermatose bulleuse, vascularite) ; en cas de doute une biopsie sera utile ; en cas de récidive fréquente (plus de 4 poussées par an) un bilan étiologique sera nécessaire. Les traitements sont multiples et souvent peu efficaces ; en cas de gêne majeure on peut avoir recours à la colchicine, voire le thalidomide, les corticoïdes ou le TNF alpha.
Parmi les infections de la muqueuse buccale, les mycoses sont parmi les plus fréquentes. Ce sont surtout des candidoses aux formes cliniques variées (muguet, glossite médiane, langue noire villeuse, perlèche) pour lesquelles il faut rechercher un facteur de risque (syndrome sec, corticoïdes inhalés, immunosuppresseurs, VIH, diabète, prothèse dentaire). Leur traitement repose sur les antifungiques locaux et l'alcalinisation du milieu ; en cas de résistance après traitement de la cause, un traitement par voie générale pourra être envisagé. La primo infection herpétique avec gingivo stomatite touche plus les enfants de moins de 3 ans ; elle rend l'alimentation difficile et guérit en 10-15 jours. La syphilis et son chancre ne doivent pas être oubliés.
Le lichen plan est une dermatose inflammatoire habituellement bénigne et chronique ; plus fréquent que le cutané, plus souvent chez la femme, ses formes cliniques sont très nombreuses, il touche surtout les joues. Son risque de cancérisation est faible (0,1 à 5%). Il faut savoir ne pas méconnaître une forme familiale ou une étiologie ou une pathologie associée. Les traitements sont multiples variant suivant l'origine et la forme clinique ; l'hygiène bucco dentaire est toujours de mise.
Les chéilites prennent des formes cliniques variées suivant leur origine (allergiques, actiniques, factices ou œdémateuses), elles peuvent aussi être en rapport avec une maladie générale, une infection ou une carence vitaminique.
Les pathologies linguales peuvent donner macroglossie congénitale ou acquise ou langue lisse d'origine carentielle.
Les pigmentations anormales peuvent être le fait de maladies générales (hémochromatose, Cushing..).
Le syndrome sec est responsable de polycaries, de candidose ; il peut parfois entraîner des glossodynies.
Les lésions de la sphère buccale sont très variées ; souvent locales, elles peuvent traduire une maladie générale qu'il faut savoir rechercher ; en cas de nécessité la biopsie fera loi.

Dr Bruno MORIZOT
Oto-Rhino-Laryngologie
Les lésions précancéreuses et cancéreuses sont des lésions faciles à voir pour peu qu'on suive avec rigueur un mode d'examen clinique rigoureux : bon éclairage et examen de tous les replis.
Les lésions précancéreuses en nappe posent parfois le difficile problème du lieu de cancérisation sur une surface étendue, donc de leur surveillance, voire de leur exérèse.
Les lésions cancéreuses limitées (stades I et II) sont chirurgicales en première intention. Les lésions étendues en bouche (stades III et IV) et avec essaimage ganglionnaire ont nettement bénéficié de l'apport du cetuximab (Erbitux*) combiné avec la radiothérapie.
Les notions de terrain (alcool, tabac) et manque d'hygiène sont classiques. Mais la dégénérescence de papillomes bénins est une cause connue de cancers oropharyngés même chez de jeunes adultes sans terrain prédisposant.


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