Quels usages des compléments et suppléments alimentaires chez le sujet sportif?
Dr Benjamin BOUILLET
Endocrino-Diabétologue
Une multitude de compléments et suppléments alimentaires sont aujourd'hui disponibles sur le marché et posent deux problèmes majeurs. D'une part, ils annoncent des effets prometteurs le plus souvent sans preuve scientifique validée de leur efficacité sur les performances sportives. D'autre part, la recherche de l'effet «miracle» proposé par de tels produits met le sportif sur la voie des conduites dopantes.
Il apparaît donc nécessaire de préciser le champ d'utilisation de ces produits.
Il importe avant tout de faire la différence entre les compléments alimentaires qui visent à compléter des apports nutritionnels insuffisants, pour atteindre les apports nutritionnels conseillés (ANC) et les suppléments alimentaires qui se surajoutent à des apports nutritionnels appropriés et couvrants les ANC.
Il n'existe actuellement aucune justification scientifique ni même éthique à l'utilisation d'une supplémentation nutritionnelle, qui est le plus souvent en dehors de tout contrôle médical, chez le sujet sportif.
Par ailleurs, il a été clairement démontré que l'activité physique s'accompagne de besoins nutritionnels spécifiques, tant sur le plan quantitatif que qualitatif. Une alimentation équilibrée et diversifiée, riche en aliments à haute densité nutritionnelle, suffit à couvrir ces besoins, qui doivent être adaptés au niveau de performance (du sportif occasionnel au sportif de haut niveau).
Il existe cependant des situations où une complémentation nutritionnelle peut se concevoir. Il s'agit des sports où les régimes hypocaloriques font rage (sports esthétiques et sports de combats), des sports à très forte dépense énergétique et des activités sportives en situation environnementale particulière ou avec mauvaise disponibilité des aliments. Toute complémentation alimentaire doit se faire sur avis médical selon les recommandations de l'AFSSA (2005). En outre, il est indispensable d'utiliser des produits sûrs, de provenance identifiée et de composition conforme à la réglementation. Le risque premier est celui d'un contrôle anti-dopage positif, mais aussi d'effets néfastes sur la santé.
La prévention de l'utilisation anarchique de tels produits repose sur 3 points :
- Une information objective des sujets sportifs, de tous niveaux de performance, sur les règles d'usage et les risques des compléments et suppléments alimentaires.
- Une éducation nutritionnelle des sujets sportifs et de leurs éducateurs visant à définir une alimentation équilibrée et variée et lutter contre les croyances trop nombreuses dans le milieu sportif.
- Un respect de la réglementation concernant la restauration collective permettant la mise à disposition des sportifs d'aliments couvrant leur besoins nutritionnels.
En pratique, il n'existe aucune justification scientifique à la supplémentation nutritionnelle chez le sportif. La complémentation peut se concevoir dans des situations particulières, mais les besoins nutritionnels spécifiques du sportif doivent être avant tout couverts par une alimentation variée et équilibrée, à haute densité nutritionnelle. Il est nécessaire de prévenir l'utilisation anarchique de ces produits, non dénués de risques pour la santé par une information adaptée et une éducation nutritionnelle de la population sportive.