Troubles psychiques du post-partum: enjeux du diagnostic précoce

Docteur Stéphanie Leclercq, pédopsychiatre

Consultation Père-Mère-Bébé

CH la Chartreuse / DIJON


Chacun d'entre nous souhaiterait que la maternité, l'évènement humain par excellence, soit un

événement heureux et ce voeu profond contribue à méconnaitre qu'il n'en est pas toujours ainsi.

D'après le dernier RAPPORT INSERM sur la mortalité maternelle 2007-2009, 62 cas de suicide chez des femmes enceintes ou ayant accouché dans l'année précédente ont été recensés. Le suicide serait alors l'une des premières causes de mortalité maternelle en France.

La période périnatale est une période à haut risque de troubles psychiques maternels, les femmes ayant 2 fois plus de risques d'être hospitalisées en milieu psychiatrique dans les 18 mois suivant une naissance, comparativement au reste de la vie. Il s'agit donc d'un réel problème de santé publique puisque l'altération de la santé mentale des femmes à cette période de la vie peut s'accompagner de troubles des interactions précoces mère-bébé et mettre ainsi en cause le pronostic développemental de l'enfant.

La psychopathologie périnatale comprend ainsi plusieurs pathologies hétérogènes. Si les psychoses aiguës du postpartum (2°/°°) sont de loin les plus connues, elles n'en restent pas moins extrêmement rares. Le syndrome de stress traumatique post obstétrical (1%) et les dépressions maternelles du postpartum (DPN) (10 à 15%) sont quant à elles beaucoup plus fréquentes mais méconnues, dont les répercussions à long terme peuvent être sévères. Il s'agit de femmes qui ne consultent pas car elles se sentent probablement coupables de ne pas être dans le bonheur maternel attendu, surtout lorsque la grossesse était désirée. Elles ne consultent pas car elles mettent volontiers leurs troubles sur le compte de la fatigue et aussi parce qu'après des mois de prise en charge prénatale, elles se retrouvent sans interlocuteur médical tant que l'enfant n'est pas malade.

Seules 15% des dépressions postnatales seraient diagnostiquées. Il existe pourtant des outils simples de dépistage tels que l'EPDS (Edinburgh Post-natal Depression Scale) et de nombreux facteurs de risque sont repérables dès la grossesse. Il est donc essentiel de sensibiliser les femmes et les professionnels qui les accompagnent à cette question, de repérer le plus précocement possible ces troubles. Quelle prise en charge proposer ? Quelle place pour les traitements médicamenteux ? Comment accompagner la mise en place d'interactions parents-enfants de qualité dans ces contextes fragiles, base d'une relation parent-enfant sécure nécessaire au bon développement psychoaffectif de ce dernier ?

Il s'agit donc de faire un état des lieux des connaissances médicales et de faire le point sur les

différentes ressources dont nous disposons en Bourgogne afin d'accompagner au mieux ces familles.

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