« Quand le deuil devient pathologique »
Dr E. Ponavoy - Psychiatre
Le deuil correspond à l'ensemble des
réactions qui font suite au décès d'une personne proche. Le terme désigne à la
fois la perte de l'être cher, la souffrance ressentie et l'ensemble du processus
psychologique qui l'accompagne. On décrit classiquement trois phases dans le
processus de deuil : une phase de sidération, une phase dépressive et une
phase de rétablissement. La phase dépressive occupe une place centrale. Elle
peut se manifester par différents symptômes du registre dépressif (tristesse de
l'humeur, ralentissement psychomoteur modéré, symptômes somatiques) mais ne
constitue pas pour autant une entité pathologique. De plus, la durée et
l'expression du deuil varient considérablement selon les groupes culturels.
A l'issue de ce processus, l'évolution normale, habituelle tend vers un apaisement de la souffrance et une réorganisation psychique permettant de continuer à vivre de façon satisfaisante.
Cependant, dans certaines situations liées aux circonstances de la perte ou liées à la fragilité du sujet endeuillé, le processus de deuil n'évolue pas de façon favorable.
Le travail de deuil peut s'effectuer de façon incomplète ou inadaptée : c'est le deuil compliqué. La période de deuil peut être aussi le moment d'émergence ou de décompensation d'une véritable pathologie psychiatrique : c'est le deuil pathologique.
Pour le médecin, confronté de façon régulière à ces situations de deuil auprès de ses patients, il est important de savoir distinguer un deuil normal d'un deuil compliqué et de savoir repérer un deuil pathologique. Ceci permet au praticien de pouvoir proposer un accompagnement et une éventuelle prise en charge adaptée.
Un travail de prévention est également fondamental par le repérage précoce des sujets ou des situations à risque de développer un deuil pathologique.