Corticotherapie courte ou prolongee : mythes et réalités
Dr Hervé Devilliers - Médecine Interne
La corticothérapie est un traitement couramment utilisé qui n'a à ce jour pas d'équivalent dans beaucoup d'indications.
Une cure courte (moins de 15 jours) peut être proposée dans l'asthme, certaines affections ORL (laryngite de l'enfant, paralysie faciale a frigore...) ou rhumatologiques (arthropathie microcristalline, lombosciatalagie ...). Dans cette situation, le problème essentiel est le respect d'une indication raisonnée et des précautions d'emploi.
Une cure longue sera constamment à l'origine d'effets indésirables, quelles que soient la nature et l'observance des règles hygiéno-diététiques proposées au patient. Dans ce domaine, le bon sens et l'adaptation au profil du patient prévaut actuellement sur le dogme du « sans sucre sans sel ». En pratique, il faut éviter d'imposer un régime trop restrictif à des patients âgés et dénutris, et limiter les conséquences de l'hyperphagie chez le bon vivant. En dehors de l'insuffisance cardiaque, de l'HTA et de l'insuffisance rénale, l'intérêt du régime peu salé n'est pas démontré. La lipodystrophie, responsable du « cou de bison », et du « faciès cushingoïde » n'est pas influencée par les apports sodés ou caloriques, et régresse habituellement à la diminution du traitement. L'information du patient est essentielle, et doit mentionner la contre-indication aux vaccins vivants (ROR, BCG, fièvre jaune), la recommandation de tous les autres vaccins (en particulier la grippe saisonnière), le risque infectieux et la nécessité d'une surveillance clinique et biologique régulière.
La prévention de l'ostéoporose dans les situations à risque fait
appel à l'exercice physique, à la supplémentation vitamino-calcique et parfois
au traitement par biphosphonates. La supplémentation potassique, la protection
gastrique par IPP peuvent être proposées mais ne sont pas systématiques. Les
autres complications à connaitre incluent les modifications du comportement et
de l'humeur, l'intolérance au glucose ou l'aggravation d'un diabète, la
myopathie cortisonée ou l'apparition d'une cataracte et d'un glaucome. Enfin, l'arrêt d'une corticothérapie prolongée nécessite une
décroissance progressive pour limiter le risque de syndrome de sevrage et de
rechute de la maladie inflammatoire. L'insuffisance surrénalienne est dépistée
en première intention par un dosage de cortisolémie à jeun à l'arrêt du
traitement si celui-ci a été prolongé plus de trois mois, ou en cas de signe
évocateur d'insuffisance surrénalienne à l'arrêt du traitement (fatigue,
hypotension, malaise).