Maltraitance de la personne âgée malgré soi

Corine Henry (Cadre de santé) et Dr Didier Mallay (Médecin coordonnateur)

La maltraitance actuelle, même celle « malgré soi », n’existe plus en tant que telle. De nombreuses actions ont été menées depuis plus de dix ans par l’ensemble des acteurs, qu’il s’agisse des pouvoirs politiques, des médecins, des directeurs et de tous les soignants intervenant en EHPAD, pour ne plus voir les images de personnes âgées attachées, battues, etc. Les formations ont aussi joué leur rôle.
La non bientraitance (malgré soi !), comme elle se nomme aujourd’hui répond plus à des problématiques éthiques, organisationnelles ou économiques dans lesquelles les médecins généralistes intervenants en EHPAD sont impliqués.

L’ostracisme envers les personnes âgées est le grand pourvoyeur de cette maltraitance : elle va de leur mauvaise prise en charge aux urgences à la vision d’inutilité et de coût qu’elle aurait pour la société. Pourtant, nous deviendrons tous vieux un jour !

En EHPAD, les spécificités sont bien du ressort de l’ETHIQUE. Elle concerne toutes les étapes de la prise en charge du résident, de son entrée parfois atténuée voire masquée au résident, de la difficulté pour lui de garder son médecin traitant avec qui il avait une relation de confiance, aux décisions sur la fin de vie et l’accompagnement nécessaire. Aujourd’hui, nombreux sont les médecins généralistes qui refusent du fait d’une activité trop importante de prendre en charge de nouveaux résidents… La iatrogénie aussi fait partie du lot de la non-bientraitance. La difficulté pour le praticien est de prioriser les pathologies de la personne et d’en convaincre le patient et sa famille. La disponibilité du médecin traitant reste une attente forte des résidents qui se plaignent constamment de ne pas l’avoir vu suffisamment. Ce manque de disponibilité a des conséquences aussi sur les équipes qui s’occupent des résidents, car parfois les décisions médicales prises par les médecins (à tort ou à raison) ne sont pas cohérentes avec le projet de soins de la personne. D’autres difficultés naissent des pathologies du résident, en particulier lorsqu’une démence entre en jeu et c’est avec la famille que le médecin parlera, ignorant le résident.

Ainsi, l’EHPAD est un véritable lieu de maltraitance malgré soi, institutionnelle d’abord car toute personne âgée dépendante et malade voudrait finir ses jours chez elle. Notre société a créé des lieux de fin de vie, sans se donner les moyens de le faire bien. Les budgets sont rétrécis, les personnels épuisés et les médecins n’ont plus de temps à leur consacrer.

Cette tribune est peut être l’occasion de prendre la mesure des choses, essentiellement sur la transparence et les échanges entre tous les acteurs de ces institutions, résidents, familles, médecins, soignants et financeurs.

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