Troubles du sommeil chez les soignants. Dr Martine Lemesle Martin, Neurophysiologie Clinique, CHU DIJON.


Le sommeil est un état physiologique, sous la dépendance d’un rythme circadien de 24 heures couplé aux rythmes des secrétions hormonales et de la température centrale ; il occupe un tiers de notre vie et est essentiel pour notre survie. Sa régulation est confortée par l’accumulation de la dette de sommeil constituée à la veille, appelée processus homéostatique. Diverses régulations basées à la fois sur des synchroniseurs internes (mélatonine) et externes (lumière, obligations sociales, repas…) interviennent quotidiennement pour maintenir ce rythme de 24 heures. Le sommeil assure plusieurs fonctions dont : la récupération physique, le renouvellement cellulaire, la consolidation mnésique et la régulation de l’humeur...

Les soignants soumis aux horaires atypiques et de nuit peuvent rencontrer des difficultés d’adaptation physiologique et des perturbations de la vie relationnelle. Le premier retentissement est l’installation d’un syndrome de désadaptation qui associe des troubles du sommeil responsables d’une dette chronique de sommeil et de troubles de vigilance source d’accidents. Puis la dette chronique de sommeil et les modifications chronobiologiques qui y sont associées aboutissent à de multiples troubles physiques, psychiques pouvant aboutir à diverses pathologies : troubles mnésiques, dépression, obésité, diabète, troubles cardiovasculaires, fragilité infectieuse, cancers... Pour limiter l’impact négatif de ces horaires décalés, une hygiène de sommeil stricte doit être préservée. Des aménagements horaires avec rotation cyclique, du contenu du travail, de courtes siestes peuvent être proposés. L’exposition à la lumière intense, la préservation d’une activité physique, le respect de règles alimentaires peuvent améliorer les capacités d’adaptation du soignant.