Troubles psychiatriques des migrants

Marie-Claude FRENISY

Psychologue – Docteur en Psychologie

ELIPSES – EMPP CH La Chartreuse

Psychologue Coordinatrice CUMP 21 – CUMP Bourgogne

SAMU 21 – CUMP CHU Dijon

Dr GILLET Justin

Interne en Psychiatrie – ELIPSES

Les migrants représentent environ 60 % des patients pris en charge. Il s’agit de migrants, demandeurs d’asile politique, « procédures en cours » ou déboutés.

Ces migrants sont également pour beaucoup sans ressources et vivent dans des hébergements précaires.

Les pathologies psychiatriques sont omniprésentes. Pour l’essentiel, ce sont des syndromes psycho-traumatiques, souvent associés à des syndromes anxio-dépressifs et des somatisations (céphalées, gastralgies, lombalgies …).

Les syndromes psycho-traumatiques sont fréquemment sévères avec des syndromes de répétition envahissants (cauchemars de répétition, flash-backs, reviviscences, réminiscences, ruminations du vécu traumatique). Les reviviscences sont tellement marquées que ces patients rapportent de véritables hallucinations de scènes traumatiques les ayant conduits à l’exil : hallucinations visuelles, auditives …

La présence de ces hallucinations appartenant au tableau traumatique conduit régulièrement à des erreurs diagnostiques, ces patients étant, à tort, diagnostiqués psychotiques et traités comme tels. Les traitements médicamenteux de ces patients sont essentiels. La plupart bénéficie de traitements anti-dépresseurs, anxiolytiques, antihistaminiques ou hypnotiques. Ils sont parfois dans une telle angoisse qu’il leur est prescrit des neuroleptiques, à visée sédative en deuxième intention.

Ces patients demandeurs de suivi psychologique et psychiatrique, ont pour la plupart vécu des événements traumatiques dans leur pays d’origine (persécutions, tortures, pays en guerre …). De plus, l’exil est source de souffrance psychique, laisser tout derrière soi, famille, proches, amis, un travail, une maison, une position sociale, une culture … et ils doivent trouver de nouveaux repères : s’intégrer, apprendre une nouvelle langue, des rituels culturels, environnement, nourriture …

Ces patients pris en charge, arrivent sur le territoire français au décours des conflits mondiaux. Nous suivons actuellement des personnes venant de la corne de l’Afrique, de l’Angola, du Nigéria, mais aussi Syrie, Kosovo … Le suivi peut durer des années. Au début, le barrage de la langue rend plus complexe les entretiens, obligeant de faire appel à des interprètes. Ces patients nécessitent des suivis pluridisciplinaires : social, médical, psychologique et psychiatrique au long cours. De plus, le parcours de demande d’asile est long et complexe pour ces personnes et rempli d’incertitude. Ils peuvent être déboutés et le plus souvent, ils ne souhaitent pas repartir dans leur pays d’origine, terrifiés à l’idée de vivre à nouveau dans la peur et les persécutions. Ils se retrouvent alors dans une misère sociale, sans ressources et pour un certain nombre, à la rue, dans une grande précarité. Les troubles psychiques s’aggravent à nouveau et doivent être pris en charge.

Pathologies psychiatriques des migrants.pdf (659 KB)