Anti-inflammatoires non stéroïdiens : indications en 2017 ? contre-indications ? effets indésirables ? associations dangereuses ? quelle surveillance ?
Anne Dautriche - Centre Régional de Pharmacovigilance de Bourgogne
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont des molécules largement utilisées sur prescription médicale ou en automédication. Ainsi, en 2013, l’ibuprofène était la 2ème substance active la plus vendue en ville (en quantité) derrière le paracétamol 1. Les campagnes publicitaires contribuent amplement à banaliser leur utilisation de même que certaines voies d’administration (voie percutanée, pastilles à sucer…).
Indications : en raison de leurs propriétés à la fois antalgiques, antipyrétiques et anti-inflammatoires, de nombreuses indications sont retrouvées dans les Résumés des Caractéristique de ces produits : fièvre et/ou douleurs telles que maux de tête, état grippaux, douleurs dentaires, douleurs au cours des manifestations inflammatoires dans les domaines ORL et stomatologiques, règles douloureuses, arthrite chronique juvénile, rhumatisme inflammatoire, crise de coliques néphrétiques…
Effets indésirables : si depuis longtemps leur toxicité rénale, digestive et cutanée est bien connue, d’autres risques ont été notifiés plus récemment en particulier sur le plan cardiovasculaire (coxibs et diclofénac) et infectieux (cutané, tissu mou et pulmonaire). La plupart de leurs effets indésirables s’expliquent par l’action d’inhibition de la synthèse des prostaglandines.
Contre-indications : outre les contre-indications digestives et hémorragiques, tous les AINS sont contre-indiqués en cas d’insuffisance hépatocellulaire, cardiaque et rénale sévères, manifestation allergique sous AINS ou aspirine. Les coxibs et le diclofénac ont aussi des contre-indications spécifiques telles que la cardiopathie ischémique avérée, l’artériopathie périphérique, un antécédent d’accident vasculaire cérébral et l’hypertension artérielle non contrôlée pour l’étoricoxib. Chez la femme enceinte, les AINS, y compris l’aspirine à une posologie ≥ 500 mg par jour, sont formellement contre-indiqués dès le début du 6ème mois de grossesse et les coxibs pendant toute la grossesse. Chez l’enfant atteint de varicelle, les AINS ne doivent pas être prescrits en raison du risque de complications infectieuses graves. Plus généralement, le risque d’extension d’un processus septique doit être pris en compte avant toute prescription d’AINS.
Interactions médicamenteuses : IEC, ARAII, diurétiques, anticoagulants et antiagrégants plaquettaires, corticothérapie, antidépresseurs inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine, méthotrexate, lithium….
Pour conclure cette présentation, nous rapporterons plusieurs cas d’effets indésirables imputés aux AINS et notifiés au Centre Régional de Pharmacovigilance de Bourgogne, parmi lesquels une insuffisance rénale aigüe sous collyre d’indométacine, une acidose lactique sous metformine dans un contexte d’insuffisance rénale induite par un traitement AINS chez un patient âgé traité par diurétique et IEC…Ces observations illustrent la dangerosité potentielle des AINS chez certains patients et/ou dans certaines situations nécessitant de bien évaluer leur bénéfice, au vu des risques encourus, avant toute prescription. Elles soulignent également l’importance du rôle joué par les médecins et pharmaciens pour mettre en garde leurs patients, en particulier dans les situations d’automédication et afin de ne pas banaliser leur utilisation.